Histoire du costume | Les crevés |

On se penche sur un autre élément qui a un jour été à la mode qui sont les crevés. En aparté, on ne peut pas dire que la Suisse est ou a jamais été le berceau de la mode (même si elle était réputée pour l’art textile), cependant il semble que cette tendance provienne d’ici. C’est une ouverture ou fente dans un vêtement extérieur qui laisse apparaître la chemise intérieure ou une doublure de couleur.

Cette tendance apparaît à la fin du XVème siècle chez les mercenaires suisses qui après leurs victoires à Grandson et Morat en 1476 contre la Bourgogne de Charles le Téméraire, auraient rapiécé leurs pourpoints et chausses troués avec les tissus nobles arrachés aux vêtements des cadavres ennemis. Cependant, cette version est remise en cause par des travaux récents de certains historiens. Il est donc difficile aujourd’hui de séparer les faits de la légende.

Ces entailles sont donc une représentation des blessures de guerre et permettent aux personnes qui les portent une certaine glorification virile. La mode des crevés a vite investi le costume urbain et fut ensuite adoptée par la mode Renaissance en Italie et en Espagne.

A l’opposé, en dehors des périodes de guerre, les crevés stigmatisent ceux qui les portent. En effet, les combattants, qui les arboraient fièrement, sont désormais des vagabonds et des voleurs. De plus, l’Eglise, qui a toujours un mot à dire, juge le fait de déchirer ses vêtements, d’abîmer les tissus couteux et d’imiter l’habit du pauvre est immoral et transgressif.

Cependant, ça n’empêche pas la mode des crevés d’exploser au XVIème siècle. C’est simple, on en trouve partout, sur les pourpoints, les chausses, les robes ou encore les pantoufles. A l’origine, c’est une mode masculine qui s’est propagé à la mode féminine. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des portraits de femmes avec des robes aux grosses manches fendues de crevés plus ou moins grandes. Un élément social important est la chemise blanche réalisée dans un tissu fin et blanc qui montre la richesse de la personne qui porte cette tenue.